Combien de fois ai-je entendu cette formule que je ne savais pas décoder lors de mes premières réunions au club ?

« TADJAÉTÉACOULMBAC ?

Je me demandais de quoi il s’agissait sans trop le demander aux « anciens » : une nouvelle marque de figurines ? Une peinture miracle ? Un nouveau magasin ? Le nom d’un figuriniste slave ?

Et puis, au fil des réunions, j’ai trouvé : KULMBACH ; petite bourgade en Franconie, en Allemagne que l’on appelle avec du respect dans la voix la « Mecque de la figurine ». Tous les deux ans s’y tient non pas une mais LA bourse de la figurine d’étain.

Et j’y suis allé !

Durant les 650 km de mon voyage en solitaire, mon esprit imaginait le meilleur, un endroit extraordinaire, le Walhala du figuriniste.

Arrivé sur place, force est de constater que la réalité dépassait mes espérances. J’y ai trouvé un labyrinthe formé d’allées étroites, de stands plus achalandés les uns que les autres, sans parler des livres et de la documentation…

Au premier passage dans le labyrinthe, je lévite dans les allées, je recarde, je m’arrête à certains stands pour admirer, toucher les plats d’étain. Je me disais : »J’achèterais bien celles là, mais je vais d’abord voir un peu plus loin »

Mais le labyrinthe jouait bien son rôle ; impossible de retrouver le premier endroit !

Les plus fameuses marques de rondes-bosses étaient également présentes, aux vitrines fabuleuses, mais ma décision était prise ; j’étais ici pour les « zinnfiguren ».

Un petit saut dans la salle réservée aux figurines de concours. Là, le moral en prend un coup et je me dis : »je rentre chez moi et je jette tout ce que j’ai déjà peint ! ».

Et puis je replongeais des heures dans le labyrinthe, espérant secrètement ne jamais retrouver la sortie.

J’aimerais aussi vous parler de ces merveilleux petits villages aux rues pavées de la région, du château de Kulmbach et de sa stupéfiante collection de 300000 figurines.

Mais surtout, surtout, j’aimerais vous parles de cette ambiance, cette atmosphère unique et chaleureuse. Manger entre copains ; français et allemands, tous animés par la même passion, dans des petits bistrots aux décors d’un autre âge.

J’aimerais vous parler de ma soirée avec les membres du club allemand : je les écoutais narrer leurs expériences hilarantes de fonderie (demandez à Reinhold), de recherche du mélange idéal plomb/étain… On se montrait nos achats, nos découvertes. Les yeux brillaient à la lueur de la bière et du métal.

C’est cela que je rentiendrai de Kulmbach, plus encore que cette plongée en apnée dans les milliers de figurines. Des gens de tous bords, de tous âges, aux idées, aux vies et aux passés différents qui se réunissent dans un lieu magique pour passer ensemble quelques jours inoubliables, qui pensent, parlent et rêvent comme des gamins, de petits soldats.

Pour moi, c’était une fête au sens humain du terme

A l’heure tardive où j’écris ces lignes, j’attends avec impatience la venue au club de nouveaux membres. Je me réjouis par avance de leur étonnement lorsque, m’avançant vers eux d’un pas digne, je leur demanderai d’une voix pleine de gravité et de mystère :

« « « TADJAETEACOULMBAC ?» » »

Benoît