Si les femmes ont toujours eu un rôle déterminant dans notre histoire, elles sont relativement peu nombreuses à avoir une place importante dans notre imaginaire collectif, Jeanne d’Arc est l’une de celles-ci. Cela pourrait paraître étonnant, d’autant que son intervention sur la scène publique fût brève, de 1429 à 1431, mais elle a pu incarner un certain nombre de valeurs ou idéaux
Rappelons ici très succinctement son parcours qui s’inscrit dans le cadre de la guerre de Cent Ans qui oppose les monarchies française et anglaise pour la couronne de France de 1337 à 1453.
Née vers 1412 dans une famille de paysans aisés de Lorraine encore sous contrôle français, à 17 ans, convaincue du rôle qu’elle doit jouer dans la libération du royaume, elle parvient à convaincre le capitaine royal Robert de Baudricourt en février 1429 de lui donner une escorte pour rejoindre le roi à Chinon. Là, elle parvient à persuader le roi et une commission ecclésiastique de l’envoyer à Orléans pour faire lever le siège de la ville qui était assiégée depuis 7 mois par les Anglais.
Arrivée le 29 avril 1429, elle réussit à galvaniser les troupes royales et contribua à chasser les Anglais. Considérée alors comme l’« envoyée de Dieu pour porter secours au roi et au royaume », elle participe aux campagnes de reconquête de la Champagne et du bassin parisien. Mais capturée par les Bourguignons, alliés des Anglais à Compiègne en mai 1430, elle est livrée aux Anglais qui, soucieux de détruire sa réputation, organisent son procès à Rouen pour hérésie. Condamnée, elle est brûlée vive le 30 mai 1431.
La légende et le mythe peuvent dès lors se construire.
Si il semble évident aujourd’hui qu’elle n’a joué aucun rôle stratégique dans la conduite des armées, son intervention a été déterminante en cela qu’elle semble avoir renversé la dynamique en faveur de la France en redonnant la volonté de combattre aux troupes du dauphin Charles et rendant foi en la victoire, elle a été un puissant ressort psychologique.
La levée du siège d’Orléans est le véritable tournant de la guerre ; or elle y joue un rôle déterminant, rendant confiance aux assiégée et remotivant l’armée de secours et galvanisant les troupes lors des assauts et huit jours après son arrivée dans la ville, les Anglais renoncent au terme de huit mois de siège. Son rôle est également essentiel dans le sacre du roi à Reims qui consacre Charles VII comme seul et légitime souverain du royaume.
La littérature s’est très tôt emparée de son personnage qui bénéficie d’une « double stature, laïque et religieuse », même si sa sanctification a été tardive (1920), en idéalisant et construisant le mythe avec plus ou moins de bonheur ou de bonne foi, en témoignent le personnage dressé par Shakespeare ou l’image grivoise donnée par Voltaire. Mais si son souvenir s’est maintenu, dès le XVème siècle, surtout dans une catégorie érudite de la population et à Orléans, c’est vraiment au XIXème siècle que la popularité de cette héroïne va véritablement s’épanouir sous la forme d’un double culte, à la fois patriotique et religieux. Son image va devenir iconique se retrouver partout présente, dans les monuments officiels (des centaines de statues), dans les églises, les demeures privées, même la publicité s’emparant du personnage, même si, au mépris de l’histoire, elle a souvent été instrumentalisée pour des causes parfois douteuses.
Cette figure de la résistance a dépassé les frontières de la France puisque son image a été reprise par Schiller « Jungfrau von Orléans » en 1801 en Allemagne, par Marc Twain aux Etats Unis, mais aussi au Japon sous forme de manga, en Italie, en Russie (Tchaïkovski ) où elle incarne selon les circonstances la résistance à l’envahisseur et à l’oppression mais aussi de la résurrection nationale, le féminisme, l’amour et le combat pour la patrie, et ce, sans omettre sa dimension religieuse.
Il résulte de cette popularité une représentation foisonnante, tant dans le domaine de la littérature, de la peinture, de la sculpture, mais aussi de la musique et du cinéma ( une quarantaine de films), la bande dessinée et même les jeux vidéo, il eut été étonnant que le monde de la figurine ne s’emparât pas du personnage.
Aussi est-elle également dans le domaine de la figurine plate, une source d’inspiration importante, certes, loin d’un Frédéric II ou d’un Napoléon, mais tout de même, .... Sans se vouloir totalement exhaustive, nous donnons un aperçu de cette production.
Notons que sa représentation en figurines est exclusivement guerrière, toujours en armure, plus ou moins conforme à la réalité historique et généralement accompagnée de son étendard, symbole quasi indissociable de son image. Il est évident qu’à l’échelle de 30 mm. son caractère juvénile est difficile à rendre, ces marqueurs d’identité guerriers d’autant plus importants. Certaines versions adoptent délibérément une représentation inspirée de l’imagerie romantique du XIXème siècle sans trop se préoccuper de véracité historique. A notre connaissance, nulle scène de sa condition de bergère, ni plus tard de celle de son procès, mais un éditeur a assumé l’épisode du bûcher, scène qui existe également en ronde bosse.
Mais la source semble loin d’être tarie et nul doute que d’autres « Jeanne » viendront bientôt enrichir la collection.
PhF